La Haute-Savoie demain : l'industrie du décolletage

La Haute-Savoie demain : l’industrie du décolletage

6 mai 2020
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L’industrie en Haute-Savoie compte quelques 5000 entreprises et représente près de 50.000 emplois. Ce secteur a bien sûr été particulièrement impacté par la crise provoquée par le coronavirus. Nul ne sait combien de temps il faudra pour que les entreprises puissent se rétablir, ni combien d’entre elles vont disparaître. Symbole de notre industrie les établissements de décolletage de la vallée de l’Arve sont particulièrement touchés. Sur les 2,1 milliards d’euros réalisés en France dans ce secteur, les entreprises de la Vallée d’Arve en génèrent 1,3 milliard, soit 60% de l’ensemble du marché français. Du côté des ressources humaines, ce sont 9000 professionnels qui exercent depuis cette zone également. Autant dire que lorsque ce secteur rencontre des difficultés, c’est toute l’économie de la Haute-Savoie qui en pâtit. 

Il ne se passe pas une heure de la journée sans que nous n’utilisions un produit dans lequel se trouvait un composant réalisé par l’industrie du décolletage. Celle-ci produit en effet des composants spécifiques qui ont ensuite pour vocation d’être assemblés dans des produits de consommation courante. Aujourd’hui les principaux secteurs d’activité qui ont recours au décolletage sont l’automobile (53% du CA), l’aéronautique (12%), l’électronique technique (7%), le médical (6%) et les biens d’équipement (5%). Comme ces secteurs se sont retrouvés pratiquement tous à l’arrêt, les commandes des entreprises de décolletage ont chuté de plus de 60% entraînant la mise au chômage partiel d’un très grande nombre de salariés. 

Les gros clients du décolletage sont au plus mal

Dans l’aéronautique, les compagnies aériennes, quasiment à l’arrêt, s’orientent déjà vers des reports et des annulations de commandes. Pour les biens durables comme l’automobile, les ménages aux revenus dégradés ou inquiets de leur avenir vont repousser leurs achats. Les économistes de Goldman Sachs parient sur une contraction des ventes de véhicules en Europe de l’Ouest de 31 % cette année et sur un retour au volume de 2019 en 2023. Le cabinet Roland Berger, plus prudent, table sur une fourchette comprise entre – 15 et – 40 % en 2020, en estimant que la crise « pourrait s’avérer fatale pour certains acteurs ». Des prévisions qui ne rassurent pas les entreprises de la vallée de l’Arve qui, pour le moment, font tout pour limiter les dégâts.

Le groupe Gouvernon a pu récemment réouvrir ses entreprises mais Gouvernon et Mont-Blanc Polissage uniquement les matins, et Applichrome et Netotec uniquement les après-midi. Cependant selon l’évolution de la situation, ce planning est susceptible d’évoluer. De son côté Supermetal indique que des mesures pour accompagner la continuité de son activité ont été renforcées mais que si la crise devait perdurer l’entreprise serait dans l’obligation d’invoquer la force majeure. En ce qui concerne Lathuile Hudry qui emploie 62 personnes, elle a dû fermer provisoirement en raison de rupture d’approvisionnements et l’activité a été fortement réduite en moins d’une semaine. Enfin, Baud Industries a fait 15% de chiffre d’affaires en moins en mars et prévoit moins 50 % en avril. 

Mais, si dans le domaine du décolletage, les entreprises sont souvent importantes on y rencontre aussi beaucoup d’artisans qui travaillent souvent seuls comme Gilbert Marchand installé à Marignier. Il est spécialisé dans la mécanique générale de précision, le tournage et fraisage des métaux et la réalisation de pièces mécaniques. Durant le mois d’avril il a poursuivi son travail car il devait honorer des commandes qui lui avaient été passées avant la pandémie mais pour le mois de mai son carnet est quasiment vide : Il va falloir se remettre en question. Je travaille tout seul depuis 2007, donc je ne dépends que de moi. Avec le coronavirus du jour en lendemain je n’ai plus de travail. J’ai terminé en début de semaines d’anciennes commandes mais aujourd’hui je n’en ai reçu que deux petites, rien à voir avec mon activité habituelle. Je ne travaille pas pour l’automobile mais beaucoup pour l’aéronautique avec des sociétés comme Eurocopter ou Airbus. Leur situation est catastrophique avec pratiquement 80% de leur personnel qui se trouve au chômage technique. Quand je les appelle j’ai très souvent les patrons au téléphone, alors qu’auparavant c’était plus que rare, je travaillais avec les acheteurs. On me dit : « Ne vous inquiétez pas, ça va finir par repartir, on ne vous oublie pas ! ». Mais beaucoup de mes clients ont fermé. Dans mon domaine, pas un secteur n’est moins touché qu’un autre. Pourtant l’industrie fonctionnait bien et les prévisions étaient bonnes. Mon CA du mois dernier était un peu juste mais là c’est la grosse chute. Autre souci les livraisons. Pour mes clients j’ai toujours été dans les temps mais là on m’a appelé en me disant : « Nous n’avons toujours pas reçu votre livraison ».

le décallotage haute savoie

Bernard Tabary le directeur de Drimex, société de conseil en sous-traitance situé à Perrignier confirme que la rupture de la chaîne logistique est bien réelle : « Vous avez des retards dans vos livraisons mais lorsque vous commandez des pièces à l’étranger vous rencontrez le même problème avec en plus des coûts prohibitifs. Pour un de ses clients une entreprise avec qui je travaille commandait des pièces en Chine et le transport lui coûtait 1000 euros ; Aujourd’hui pour la même livraison on lui demande 8000 euros ; son client n’acceptera jamais une telle augmentation, il va le perdre ».

On comprend alors le désarroi de Gilbert Marchand : Ça ne fonctionne plus, tout est à l’arrêt, les manques des uns retombent sur tous. J’ai dit à mon épouse que j’envisageais dans ces conditions de prendre ma retraite ; après tout je n’ai pas de dettes, j’ai payé tous mes crédits et je dispose encore d’un fonds de trésorerie acceptable Ce qui est triste c’est que je n’aurai pas de successeur. Ils nous ont bouzillé l’artisanat. Dans les années 70 quand j’ai décidé de faire un apprentissage, au lycée on m’a dit : « surtout pas, vous n’aurez aucune chance de vous en sortir, l’avenir c’est le bureau ! ». On voit aujourd’hui où nous en sommes, j’ai plein de collègues qui sont dans le même cas alors que, dans notre domaine, l’avenir c’est l’artisanat et donc l’apprentissage. Il faudra y penser, le jour d’après ».

Bis repetita

Ce n’est pas la première fois que le secteur du décolletage rencontre des difficultés. En 2009, la France avait connu une crise sans précédent qui avait fait plonger tous les secteurs d’activité. Le décolletage n’avait pas échappé à ce dévissement puisque le chiffre d’affaire de la filière avait baissé de 40%. On avait dû attendre plusieurs années avant que la croissance ne soit à nouveau au rendez-vous et le même scénario semble se profiler à l’horizon. Cependant l’inquiétude semble beaucoup plus forte qu’en 2019.  60% des entreprises de ce secteur ont entre 10 et 50 salariés et elles sont fragiles. Leur trésorerie a été mise à rude épreuve et rien ne dit que l’activité va reprendre rapidement. Or dans le domaine du décolletage pour pouvoir rebondir il faut investir. Le décolletage est un des secteurs qui investit le plus, notamment dans les moyens de production. On estime qu’en moyenne chaque année, ce sont 10% du CA qui sont investis pour proposer toujours plus de technicité. Sans cela la perte en compétitivité est quasi immédiate. Bernard Tabary apporte une précision : « Le décolletage est effectivement un des secteurs où chaque année on investit le plus. Si vous ne le faites pas vous êtes morts. Alors certaines entreprises pour préserver une partie de leur trésorerie ont décidé de casser les prix. C’est suicidaire et cela met en danger tout le secteur avec à la clé de nombreux licenciements alors que dans beaucoup de domaines on manque de compétences et de personnel ».

Pouvoir faire bénéficier ses salariés du chômage partiel est une chose mais ne pouvoir reconstituer sa trésorerie que par des emprunts cela ne va-t-il pas simplement repousser le problème ? Même chose pour les reports de charges, il faudra tout de même les payer. On se doute également que la prise en charge par l’Etat du chômage partiel ne durera pas éternellement. Si nos entreprises très dépendantes des multinationales ne reçoivent plus leurs commandes il n’y aura plus assez de travail pour tout le monde. Bernard Tabary le confirme : « Le chômage partiel est arrivé dans un deuxième temps, au départ les entreprises ont remercié tous leurs intérimaires. Ils ont aussi été confrontés à un problème spécifique à la profession : les constructeurs leur demandent souvent d’investir dans une machine pour produire une pièce particulière. On leur assure un carnet de commandes bien remplie mais rien n’est écrit bien sûr. Lorsque l’entreprise de votre client est à l’arrêt vous avez investi dans une machine qui ne vous rapporte rien alors que vous devez rembourser le crédit que votre banque vous a accordé. Je connais beaucoup d’entreprises de la vallée de l’Arve qui sont confrontées à ce problème. Il va y avoir de la casse ! ».

industrie haute savoie

La purge qui se prépare va être très violente. Les analystes prévoient qu’en France les suppressions de postes se chiffreront en centaines de milliers, si ce n’est en millions. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à se souvenir de l’hécatombe enregistrée lors de la crise de 2008-2009 : 600 000 emplois détruits, en moins de deux ans, dans l’industrie, les services et la construction ; et plus d’un million de nouveaux inscrits – dont 200 000 au seul premier trimestre 2009 – dans les cinq catégories de Pôle emploi sur la période. De tristes records qui devraient, comme tous les autres (déficit, dette, récession…), être enfoncés dans les mois à venir.

Toute la question est maintenant de savoir ce que le gouvernement va décider pour faire face à ce déferlement attendu et inévitable de plans sociaux. Et ce d’autant que l’emploi a déjà entamé son inexorable descente aux enfers – les déclarations d’embauche ont plongé de 22,6 % en mars, les offres d’emploi cadre, de 40 % – et laisse augurer des lendemains qui déchantent… « Je ne vois pas l’État ne pas conditionner les homologations des plans de sauvegarde pour l’emploi qui lui seront demandées », assure, en connaissance de cause, Raymond Soubie, l’ex-conseiller social de Nicolas Sarkozy à l’Élysée pendant la crise financière. Emmanuel Macron et Édouard Philippe auraient d’ailleurs tort de ne pas le faire, après avoir mis des dizaines de milliards d’euros dans le chômage partiel. Assurer tout ou partie de la feuille de paie, au moins durant un temps (qui dure) de la moitié des salariés du privé dans le pays donne quelques droits… Bien sûr, le duo de l’exécutif n’ira pas jusqu’à interdire les licenciements, comme le réclame l’extrême gauche. Mais il sera extrêmement regardant et pointilleux sur les plans sociaux qui lui seront présentés. Et ne manquera pas de demander, en contrepartie, des efforts aux employeurs en matière de reclassement, accompagnement, investissement, formation, redistribution, solidarité… Histoire de limiter l’ampleur du tsunami, pas de l’empêcher.

On imagine alors ce que cela pourrait signifier pour l’industrie en France. Après le chômage partiel il faudra sans doute licencier et contracter de nouveaux prêts, si les banques l’acceptent car elles n’ont pas toutes joué le jeu. Il faudra aussi supporter le « civisme » des clients qui retarde les paiements de leurs factures  comme le fait par exemple Airbus industrie. 

Selon les calculs de l’Insee, chaque mois de confinement entraîne la perte d’un tiers de PIB mensuel. Soit à 5 à 6 % du PIB annuel pour deux mois. Pour le secteur privé, le choc est bien plus rude. Et pour certaines entreprises, il sera plus durable. 

Relancer la chaîne de production

L’autre grande question concerne le calibrage de l’outil de production et la réouverture des lignes. « C’est un temps qui pourra durer de neuf à quinze mois, sauf si un vaccin ou un traitement est découvert avant, et durant lequel nous devrons vivre en conditions dégradées avec le Covid-19. L’enjeu est de maintenir la productivité », estime Olivier Scalabre, directeur associé du Boston Consulting Group. Il faut également assurer les conditions sanitaires du travail. La confiance et le dialogue avec les partenaires sociaux en sont la clé. Sur RTL, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a proposé « un protocole de fin de confinement dans chaque entreprise, pour définir des conditions optimales de sécurité pour les salariés« . Dans l’écosystème de la reprise, il y a aussi les fournisseurs. « Il faut synchroniser la chaîne de sous-traitants et remonter jusqu’aux plus petits et aux plus fragiles pour s’assurer qu’ils résistent« , prévient Éric Espérance, consultant spécialisé en automobile chez Roland Berger. C’est aussi l’avis de Ludovic Subran : « Les mesures actuelles du gouvernement permettent de mettre en veilleuse l’appareil de production sans le casser. Pour la reprise, l’important est d’appeler les clients et les fournisseurs pour s’assurer que tout peut repartir sans goulot d’étranglement sur les chaînes logistiques. »

usinage

Des raisons d’espérer

Au-delà des aides au chômage partiel, du report des charges sociales et fiscales, de l’enveloppe de 300 milliards d’euros de prêts garantis par l’État (PGE), le gouvernement a augmenté le fonds de solidarité pour les TPE et les indépendants, qui passe de 1 à 7 milliards d’euros. Il a également affecté 20 milliards à l’Agence des participations de l’État pour des montées au capital de grandes entreprises et mobilisé un fonds de développement économique, dédié aux ETI, de 1 milliard d’euros en prêts directs et non en prêts garantis distribués par les banques. À cela, en prévision de la reprise, il a ajouté un montant de 500 millions d’euros d’avances remboursables, destiné aux PME « qui n’ont pas trouvé de prêt garanti par l’État et qui ont besoin de trésorerie pour redémarrer, pour acheter des matières premières ou des marchandises. Ce peut être une PME de la vallée de l’Arve comme un hôtel », a illustré le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Il a pensé à la vallée de l’Arve, c’est encourageant!

OBSERVATOIRE de la SANTÉ des ENTREPRISES DE MONT-BLANC INDUSTRIES

Depuis la pandémie liée au Coronavirus, Mont-Blanc Industrie avec ses partenaires interroge les entreprises sur différents thèmes. Le dernier sondage a été effectué le 22 avril. Si la confiance des patrons semble rester élevée, les difficultés qu’ils rencontrent sont très importantes. Nous avons réalisé une synthèse des résultats qui semble prouver qu’une deuxième vague de l’épidémie ne serait pas supportable par beaucoup d’entreprises industrielle de Haute-Savoie.

Trésorerie

  • Les différentes mesures prises par les entreprises portent leur fruit progressivement, même si 31% (-4%) déclarent toujours une trésorerie difficile et qu’elles ne sont que 10,7% à estimer qu’elle va s’améliorer.  

Difficultés 

  • La contrainte majeure reste et demeure l’insuffisance de la demande (82% -1,2%) alors que les autres contraintes pesant sur la capacité de production diminuent : mesures de sécurité sanitaires (42,6% -11%), risque juridique (18% : -10%), manque d’équipements (18% : -6,8%), les contraintes financières (14,8% : -6,8%), l’information insuffisante (3,3% : -2,3%).

Collaborateurs

  • Effets induits de l’allègement ou plutôt de la « normalisation » des contraintes pesant sur l’activité, pour les dirigeants, leurs collaborateurs ont un moral qui s’améliore (6,5 : +0,3%) et ils sont plus confiants dans leur capacité à faire face à la crise (88,5% : +4,1%).

Confiance du dirigeant 

  • Les dirigeants déclarent un niveau de moral similaire à celui de leurs collaborateurs, en légère progression (6,5/10). De fortes disparités se présentent dans ces déclarations, attestant d’amélioration réelle de situation ou inversement de situation critique. Ainsi 10,7% d’entre eux déclarent un niveau de moral entre 9 et 10, soit deux fois plus qu’il y a 4 semaines, alors qu’ils sont toujours autour de 14% à se positionner entre 0 et 4.

Motivation 

  • La situation inédite, notamment en perte de commande, l’absence de perspective à moyen terme, le niveau de risques associés, les obstacles qui se présentent, posent des défis importants aux dirigeants pour engager les actions pour sortir de la crise.
  • Ainsi 62% pensent qu’il faudra faire différemment en sortie de crise.  

Parmi l’ensemble des propositions qui leur étaient soumises, six obtiennent plus de 50% de choix : 

  • Donner la priorité à l’innovation (procédés, produits ou services) comme levier majeur de la reprise (72,1%) 
  • Accélérer la digitalisation des entreprises pour gagner en performance (62,3%) • Gagner en efficience, en faisant plus avec moins (67,6%), 
  • Repenser les modes d’organisation du travail (58,8%), en tirant le retour d’expérience de ce qui a été mis en place pour s’adapter notamment en matière de télétravail et de ressources partagées inter-entreprises 
  • Conduire un bilan collectif (54,4%) et une analyse stratégique collective (57%)

industrie

4 scénarios de la sortie de crise

Scénario 1 : Tout va bien !

Il suppose une économie sans friction. Les entreprises repartent rapidement sans contraintes de ressources.

  • L’intégralité des capacités et des revenus ont été préservés par les transferts de l’État.
  • Les entreprises sont capables de passer en surrégime pour compenser le manque à gagner du confinement.
  • Dans le cas idéal, le choc peut être annulé, au moins partiellement.

Scénario 2: récupération rapide ou scénario en V

  • L’activité retrouve rapidement son niveau et sa tendance d’avant crise.
  • Compte tenu de la durée du confinement et de l’ampleur des pertes de production en mars-avril-mai, cela suppose au minimum un reflux moyen de l’activité de l’ordre de 5-6% en 2020.
  • Il peut être amélioré, en supposant un rattrapage diffus, qui rehausse la croissance des trimestres post-crise (les ménages dépensent leur surcroît d’épargne).

Scénario 3: longue traîne de la crise

  • L’activité porte la trace du décrochage de l’activité et ne renoue pas avec sa tendance.
  • Le poids des dettes, les comportements d’épargne de précaution, les destructions d’emplois, les faillites liées aux impasses de trésorerie, l’étirement de la crise au plan international, ne permettent pas à l’économie de renouer avec les niveaux et rythmes précédents.
  • Ce scénario peut être plus en moins prononcé. L’activité de 2020 se situerait dans une fourchette de -7 à -10%.

Scénario 4: Grande dépression

  • Le dévissage d’activité du confinement n’est non seulement pas rattrapé, mais l’activité s’engage dans une spirale dépressive et déflationniste.
  • Les raisons d’un tel enchaînement ne manquent pas: mauvaise coordination des politiques européennes, guerre monétaire au détriment de l’euro, fissuration du système bancaire, tensions sociales, etc.
  • Cette crise peut se produire de façon différée, dans un second temps, comme en 2008, du fait de la mauvaise gestion des dettes.

Quoiqu’il arrive Notre industrie en Haute-Savoie n’échappera pas dans les mois qui viennent :

A la montée des dettes bancaires, l’allongement des délais de paiement pour les PME, la dégradation inévitable de la trésorerie des entreprises et la forte dégradation des comptes. Au net ralentissement de la dynamique de croissance du revenu disponible des ménages. Ce coup de frein est lié à la dégradation de l’emploi, même si cette dernière demeure amortie, grâce à la massification du chômage partiel, qui touche dès à présent un salarié sur trois, et aux comportements de modération salariale des entreprises en 2021, pour restaurer leur trésorerie. On peut estimer à 3,7 points le ralentissement de la croissance du revenu disponible brut des ménages (revenu après impôts et transferts sociaux), entre 2020 et 2019: -0,6 % au lieu de 3,1%.Ce coup de frein, qui s’étire en 2021,constitue le principal mécanisme qui entrave la possibilité d’une reprise rapide. Dans ce contexte, de dégradation des conditions financières des entreprises et de demande durablement en retrait par rapport aux capacités installées, l’investissement sera fortement pénalisé dans la durée, ainsi que la construction, qui était déjà en phase de ralentissement. Certains secteurs BtoB pourraient porter également longuement la marque de la crise. Les industries à cycle long de production, comme l’aéronautique ou le ferroviaire, pourraient également mettre en cause leurs plans de charge compte tenu la dégradation de la situation financière des transporteurs et d’une modification des comportements de mobilité. L’automobile pourrait aussi être déstabilisée dans la durée alors que son modèle est déjà en plein doute, ce qui pourrait accélérer la décrue et la concentration des capacités. Seules les start-up peuvent s’en sortir mieux que les autres, elles ont été financées car on a pensé qu’elles représentaient des solutions d’avenir dans la recherche, les nouvelles technologies ou encore les services. Nicolas Dufourcq, le directeur général de Bpifrance estime qu’il ne devrait pas y avoir trop de casse parmi les start-up : « Nous avons reçu très peu d’appels au secours. Deux premiers indicateurs témoignent d’ailleurs du fait que les très petites entreprises ont déjà bénéficié du prêt garanti par l’Etat (PGE) : près de la moitié des PGE sont inférieurs à 50.000 euros. Par ailleurs 9.500 crédits, d’un montant  moyen de 145.000 euros, ont été accordés selon un critère de masse salariale, prévu pour les entreprises réalisant peu ou pas de chiffre d’affaires, Cela représente une enveloppe de 1,4 milliard d’euros pour les entreprises très jeunes, dont une partie sont des start-up ».

Cependant le scénario de rebond est également contrarié par le caractère asynchrone des processus de résolution de crise dans les différentes régions du monde. Il existe notamment de gros doutes, sur la capacité d’endiguement de l’épidémie sur le continent américain et dans de nombreux pays en développement.

(a.f avec Xerfi études)